True story, quand un duo comique tente (et foire) le thriller psychologique

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours rêvé d’être journaliste. Confinée chez moi, en télétravail et parfois, je dois l’admettre, un peu déprimée, je navigue régulièrement sur Netflix, très pratique dans ce contexte historique et inédit.

Parcourant ma liste je tombe sur True Story, pseudo thriller maniéré, porté par deux stars de la comédie et mettant en scène un journaliste et un serial-killer. Tout ce que j’aime, alors je clique sur play.

Une quête d’identité

Mike Finkel, journaliste d’investigation émérite au New-York Times voit sa vie basculer lorsqu’il est viré du magazine pour manquement à l’éthique professionnelle. Aussitôt radié du secteur il peine à remonter la pente. La nouvelle arrive à ses oreilles que l’un des dix criminels les plus recherchés aux États-Unis, Christian Longo, récemment arrêté au Mexique par le FBI, a longuement utilisé son nom et son identité. Il sort alors de son abattement et décide de le rencontrer.

Mike Finkel réussit alors à arranger un entretien avec cet homme tout en précisant que sa vie actuelle est peut-être aussi délicate que la sienne, se sentant lui-même plongé dans son propre procès et entamant une longue quête identitaire pour comprendre enfin qui il est vraiment.

Histoire vraie de deux menteurs qui cherchent dans l’autre une raison d’exister et un moyen de s’en sortir.

Alambiqué, grandiloquent, moralisateur.


Lorsqu’on est connu pour être le clown de service il est souvent difficile d’être crédible dans les domaines sérieux, n’en déplaise à Mister Carrey. Si Jonas Hill et James Franco ont parfois réussi à éblouir l’assistance de leur talents d’acteurs, dans Le Loup de Wall Street pour Hill, dans 127 heures pour Franco, on sent que l’exercice stylistique s’avère néanmoins compliqué dans ce cas-là.

Exagérément sombres, tristes et sérieux, sujet du film oblige, les acteurs, à l’instar du scénar, glissent rapidement dans une fresque obscure et anxiogène qui tombe à plat. Le tout ponctué de petites phrases toutes faites se voulant valorisant la liberté d’expression et la vérité.

On t’a vue venir à 10 kilomètres


A mesure qu’avance le film, j’écris cet article. je dois donc avouer que je n’ai pas encore vu la fin à ce moment précis où je suis en train de rédiger ces phrases. Je ne peux donc affirmer que je la connais mais, à 36 minutes du début et 1 heure de la fin, j’ai déjà la sensation, désagréable, de connaître le dénouement. Et plus Franco surjoue dans la manipulation moins elle est subtile. Je ne suis pas ce qu’on pourrait qualifier de génie à la Einstein, malgré le fait que je ne pense pas avoir le QI d’une huître. La manipulation n’est en aucun car une discipline que je maîtrise. Mais, honnêtement, nous ne sommes pas dupes face à une totale absence de finesse.

Comme je ne connais pas encore la fin, je me suis peut-être trompée, je l’espère encore d’ailleurs. L’avenir, une petite heure encore, nous le dira.

Franco en fait trop. Hill peine à crédibiliser l’œuvre, mais accordons lui qu’il s’en sort mieux que son collègue. Franco et son air célèbre de chien battu, sa beauté d’homme torturé et hors du temps, aurait pu coller à merveille au rôle qui lui est offert sur un plateau, mais quelque-chose sonne faux. Et c’est bien tout ce qu’on retiendra du film, malheureusement.

L’importance du décor


Cette absence de subtilité se traduit également par la photographie du long-métrage qui, encore une fois, semble nous crier « Mais c’est évident, non ? ».

Les scènes où Hill rencontre Franco en prison sont déjà un sérieux indice. Le flic qui dit de Franco que « son attitude est exemplaire ». Son portrait qui le qualifie d’homme extrêmement intelligent.

La maison de Hill, chalet de montagne atteint après avoir traversé de longs paysages enneigés, non sans rappeler (capillotracté je sais) le début de The Shining. Des paysages et un décor hors du temps, qui nous plonge malgré nous dans une Amérique presque profonde des années 70.

Un décor et une photographie associés, en fin de film, à la cour où le procès de Franco se tient, qui ajoute une atmosphère excessivement pesante et une ambiance bizarre car tout, dans ce film, manque d’habileté.

Manipulation grotesque


La fin est donc sans surprise. Le seul surpris dans l’histoire est manifestement Mike Finkel qui, dans le salut de Chris Longo cherchait visiblement son propre sauvetage. Le personnage de Franco, manipulateur narcissique sociopathe, n’a aucune profondeur et, même si ça me coûte de l’admettre et malgré toute l’affection que j’ai pour lui, l’acteur n’arrive absolument pas à lui donner quelconque relief.

Manipulés par son sourire triste et son apathie latente ? Malheureusement non dans un long-métrage qui manque cruellement d’intelligence.

Si le film se laisse regarder il n’apporte absolument rien, mis à part peut être l’occasion de découvrir une nouvelle production où James Franco et Jonas Hill se prennent au sérieux. Personnellement je les préfères marrants ensemble dans un film délirant comme C’est la Fin, petite pépite débilisante comme on les adore, sans vraiment oser l’avouer.