127 heures plus tard

Danny Boyle et James Franco font partie de mes valeurs sures au cinéma, l’un pour ses Transpotting , 24 heues plus tard ou encore Slumdog Millionnaire, et j’en passe, l’autre pour sa filmographie inégale et sa gueule d’ange.

127 heures, c’est l’histoire vraie d’Aaron Ralston, grimpeur de haute montagne qui, suite à un accident, se retrouve coincé dans une crevasse pendant longtemps.

Faut-il s’appeler Danny Boyle pour s’autoriser toute son intrigue au fond d’un ravin ? Et pour compter essentiellement sur la prestation d’un James Franco, certes éblouissante ? Pari osé, mais pari déjà largement gagné par Rodrigo Cortès avec son haletant Buried, basé sur l’enterrement vivant de Paul Conroy, chauffeur de camion basé en Irak, qui se réveille dans une caisse en bois.

Plus besoin de présenter Danny Boyd qui s’est fait un nom et une carrière, avec une vingtaine de films à son actif, des très bons, des moins bons, mais aucun de gros ratage, il peut quand-même se targuer d’être l’un des noms familiers du 7è art.

Ça fait depuis 2006 qu’il rêve de tourner l’histoire d’Aaron et ne l’a jamais envisagé comme documentaire, malgré le souhait de départ d’Aaron. Il voulait éviter à tout prix éviter ce sentiment d’objectivité qui, pour lui, aurait tenu le spectateur à distance.

Et son intention est réussie, car pendant une heure trente-quatre, on ne peut que ressentir une ribambelle d’émotion pour le pauvre Aaron. On le voit tour à tour coupable et responsable, désespéré, triste, en colère, délirant… Mais finalement il semble fautif de cette situation qu’il a cherché. Tendances suicidaires, inconscience naturelle ou arrogante confiance en soi, la frontière est, ici, bien fine.

Un film réussi, donc, qui passe ingénieusement du fait divers à des dimensions plus psychologiques en empruntant subtilement les chemins tortueux de la confrontation de soi. Face à lui-même et à son impuissance dans l’attente d’un sort funeste, flirtant entre folie et hallucinations, dues à des conditions plus qu’inconfortables, James Franco nous fait grâce d’un talent puissant ; un talent jusqu’ici sous-exploité ?

Un film inratable avec des paysages à couper le souffle si, et seulement si, hauteur et solitude ne font pas partie de vos angoisses latentes. Et si la perspective de rester 1h30 presque en tête à tête avec James ne vous rebute pas.