Black phone

J’ai eu un sacré coup de mou cet après-midi, une déprime que je sais passagère mais intense quoiqu’il en soit. Quand je suis dans cet état, heureusement que ça arrive très rarement, je pleure un bon coup, remet toute la vie et l’univers en question et je me mets devant un, ou plusieurs, film d’horreur, ça me détend. Pour ne pas changer mes habitudes, le changement ce n’est pas maintenant, j’ai lancé Black Phone, adaptation de la nouvelle du même nom de Joe Hill par Scott Derrickson, dispo sur Canal+, sans trop savoir dans quoi je me lançais. Eh ben franchement, je ne regrette rien.

Finney Shaw, un adolescent de 13 ans, timide mais intelligent, est enlevé par un tueur sadique qui l’enferme dans un sous-sol insonorisé où s’époumoner n’est pas d’une grande utilité. Quand un téléphone accroché au mur, pourtant hors d’usage, se met à sonner, Finney va découvrir qu’il est en contact avec les voix des précédentes victimes de son ravisseur. Ils sont aussi morts que bien résolus à ce que leur triste sort ne devienne pas celui de Finney.

En fait, à chaque film d’horreur que je vois, réussi ou pas, on peut déceler une certaine métaphore et une critique d’un pan de la société. C’est particulièrement vrai avec les films de zombies, que j’ai saignés plus que de raison dans ma prime jeunesse, mais finalement ça l’est aussi pour le genre dans sa généralité. Dans ce film deux notions m’apparaissent, à moi et mon humble réflexion sur le monde, peut être exacerbée par mon état végétatif et désolé de cette fin de journée pluvieuse et sombre : la métaphore horrifique de la pédophilie et la critique d’une Amérique défraîchie qui pourrit lentement dans une ambiance miteuse et délabrée.

Mélancolie pas cool

A l’inverse d’univers rétros ultra flashy et stylés, à la Stranger Things ou encore It, celui de Black Phone est assez dark. L’image du film déjà rappelle celle de Sinister (c’est d’ailleurs le réal, et le méchant de l’histoire est joué par Ethan Hawke), parce que tourné en argentique. L’ambiance ensuite nous plonge dans une Amérique profonde, pauvre et tourmentée, hantée qui plus est par un tueur psychotique au masque flippant, qui enlève des gamins et les enferme pendant plusieurs jours avant de les tuer. Pas cool, Ethan. Ethan Hawke range son costard de père de famille bien sous tout rapport (rôle endossé d’ailleurs dans Sinister) pour jouer les dingues à tendance pédophiles, rôle qu’il tient très bien, en tout état de cause. Il sait instaurer un sentiment de malaise ambiant qui donne au film toute sa dimension glaçante. Après, ne nous emballons pas, ce n’est pas le film le plus effrayant que j’ai pu voir. Il n’est pas aussi terrifiant que Sinister, par exemple, même si plusieurs codes y sont repris.

Le film est plutôt bon, bien que parfois un peu fainéant, il aurait pu rester anecdotique si le propos n’était pas finalement un peu plus poussé que ce qu’il n’y parait, de par sa façon de traiter la décrépitude d’une Amérique rurale hantée par un monstre névrotique.