Dernier jour d’une confinée

Ca y est ! On y est arrivés ! On est dé-confinés… Un petit préfixe qui n’a l’air de rien mais qui change tout ! Ce petit dé qu’on attendait comme le messie, nous pauvres pêcheurs qui n’en pouvons plus d’être cloîtrés chez nous et qui n’avons qu’une envie, faire la fête, serrer nos amis dans nos bras, légalement !

Certains d’entre nous ont quand-même osé les apéros clandestins. Certains d’entre nous ne sont pas resté chez eux sans sortir pendant deux mois. Certains d’entre nous sont sortis, parfois à des heures « indues » pour regagner leur logement en flippant sévère de croiser un flic qui les verbaliserait parce que, concrètement qu’est-ce qu’on fait dehors à une heure du matin ? Et surtout, l’angoisse plus ou moins passée, certains d’entre nous auront constaté qu’à une heure du matin, un samedi, la place Pigalle est sacrément vide…

D’autres auront profité de cette période de confinement pour refaire leur culture ciné, série, littéraire, artistique et cætera. C’est vrai qu’on a accès à un sacré panel aujourd’hui. Et c’est dans ces circonstances, inédites et exceptionnelles, qu’au fond on est contents que l’évolution technologique soit ce qu’elle est.

D’autres se sont dit qu’ils allaient se prendre en main. Allez, j’arrête les sucreries, je me remet au sport et je fais gaffe aux calories parce que 5 kilos sont si vite arrivés. C’est vrai que quand on a le cul vissé sur sa chaise et qu’on mange pour oublier l’ennuie intense dans lequel on est, ben 5 kilos, c’est la face émergée de l’iceberg en fait.

Certains se sont dit aussi que c’était l’occasion de l’introspection. Oui parce que, au final, on arrive toujours à fuir ce face à face avec soi-même, notamment parce que souvent ça fait trop mal. D’autres ont eu envie de tenter des trucs chelous dans leur cuisine ou leur salle de bain. Confinés pendant deux mois minimum, l’heure est aux expériences.

Gouvernement de la honte !


On pourra me donner plein de gentils sobriquets, me traiter de pessimiste, dire que je suis négative, mais je ne suis pas totalement confiante, notamment vis à vis de ce gouvernement qui aura, pendant deux mois, dit tout et son contraire nous remplissant la cervelle d’infos contradictoires et nous laissant dans le flou total et artistique d’une situation qui, en plus de nous échapper, leur glisse des mains chaque jour un peu plus.

L’idée n’est pas de contester à tout prix ce qui nous est dit. Je ne porte pas le gouvernement dans mon cœur, c’est une évidence. Et cette période de crise sanitaire, de guerre de l’hygiène, de conflit de la santé, n’a en aucun cas redoré le blason royaliste de l’Exécutif. Plus monarchiste que le roi, plus capitaliste que Jeff Bezos, plus libéral que la plus libérale de tes copines, notre cher président a commis d’énormes erreurs de jugement et de gouvernance. #ToiTuVasAvoirDesProblemes

Que dire des applaudissements au corps médical chaque jour, à 20h ? Evidemment, c’est beau, oui c’est beau cette union nationale tournée à l’unisson vers ces gens qui, chaque jour, enfilent leur tenue de guerre pour affronter l’ennemi. Cet ennemi commun qui tente de nous fragiliser. Sans eux rien n’est possible. C’est bien, frappez dans vos mains pour eux. Et oubliez, oui oubliez bien, qu’il y a un peu plus de deux mois vos mains s’écrasaient sur leur visage gazés, qu’il y a un peu plus de deux mois vous vous foutiez bien de leurs revendications et leurs problèmes de lits disponibles.

Et M. Véran, oui vous M. le ministre de la Santé, vous qui n’avez aucune considération pour tous ces soldats silencieux qui, tous les jours, se sont levé et ont accompli plus que vous ne pourrez jamais vous targuer avoir réalisé dans votre vie toute entière. Vous qui avez décidé de reconnaître la contraction du COVID-19 comme maladie professionnelle mais uniquement pour le corps médical. Joli bras de fer, comme qui dirait, aux caissières et aux caissiers, aux éboueurs, aux personnels de la Sécurité, aux auxiliaires de vie et j’en passe. Tous ces gens qui ont eu peur tous les jours de se retrouver face au virus, quand ils n’en sont pas morts.

Et ces patrons, véreux, capitalistes jusqu’à la moelle, qui essaient par tous les moyens de rogner sur la prime de 1000€, 1000€ franchement, qu’ils secouaient fièrement, telle la carotte pour faire finir le boulot. Ces même patrons qui déclarent qu’une augmentation de 9% sur les produits frais est justifiée par les dépenses engagées par cette même prime. J’ai honte pour vous. Vraiment.

Et Monsieur le Président qui, à chaque intervention est de plus en plus orange. Quand on pense qu’en trois mois il a payé sa maquilleuse 26.000 €, à ce prix-là, elle fait du sale boulot. Monsieur le Président lors de son allocution a osé dire « Nous retrouverons les Jours Heureux », référence directe et historique au programme du Conseil National de la Résistance. Indécent.

Condition extrêmes, circonstances inédites. Et nous voici replongés dans les heures sombres de notre Histoire. Délations, interdictions, autorisation relatives, obligations d’aller travailler sous peine de salaire imputé, le salaire de la peur… Finalement c’est quand l’homme n’en est plus un qu’il se révèle le plus abjecte.

Je vais arrêter là mes élucubrations confinées, plus qu’une soirée et je pourrais légalement sortir au grand jour. Mais ce n’est pas sans trembler que je vous dit à bientôt pour un nouveau dernier jour d’une confinée.

« Je puis tout pardonner aux hommes, excepté l’injustice, l’ingratitude et l’inhumanité. » Diderot