Fanny et Alexandre

Film de 1982 du cinéaste phare de l’abstraction lyrique, le bien nommé Ingmar Bergman, Fanny et Alexandre est un film de succession fantasmagoriques, d’apparitions psychotiques, de divagations chimériques.

Naturellement, mon père ce héros, m’a mis devant ce film torturé quand j’avais 8 ans, ou 10 je ne me souviens plus très bien. Ce film fait partie de mes petits traumatismes, que je n’ai pas revu depuis mais dont certaines scènes sont restées gravées dans ma mémoire à jamais. Evidemment, aujourd’hui c’est un running gag entre nous, au même titre que certains Redrum ou Sir, yes, Sir, car oui le film a cette particularité perturbante de tous ces films à dimension psychologique abstraite mais, finalement, c’est aussi un très beau, très grand film, qui explore énormément de portes de l’inconscient humain et sert sur un plateau d’argent la vision d’un monde familial qui part à vau-l’eau, à travers le regard plus ou moins innocent de ses deux gamins protagonistes.

Merci papa donc, pour ce traumatisme cinématographique, et ce n’est d’ailleurs pas le seul, mais que je n’aurais probablement jamais vu sans cette légèreté culturelle dont tu as su faire preuve avec moi et qui, à la fin, se révèle être une finesse et une souplesse d’esprit qui n’est pas donnée à tout le monde.

Imaginaire et sensorialité


Ce film est une ode à l’enfance, son imagination, ses délires, ses fantasmes, sa sensorialité. On évolue, sans grande logique, d’une étape à l’autre, on se retrouve prisonnier d’un enchaînement saugrenu d’images, d’une beauté irréfutable, qui nous laisse coi.

Mes souvenirs sont à la fois très flous et très précis. En effet, je l’ai vu une seule fois, il y a vingt-cinq ans, sous l’impulsion cosmique d’un père artiste. Difficile donc d’avoir un avis intelligent et structuré, objectif et construit. Je laisse donc les différentes émotions que m’inspireront toujours ce film courir sans aucune restriction. Mais bon, un peu comme d’habitude.

Ce film est donc une exploration, parfois improbable, des tréfonds de l’imagination et des sensations, ou l’effroi se mêle à l’enchantement. Le froid de l’étrange côtoie la chaleur du familier, la famille, point central de l’histoire, cet éclatement fusionnel : la beauté est une blessure qui ne cicatrise pas.

La confusion des sentiments


Ce film, avec toute cette complexité intellectuelle sur laquelle j’ai du mal à m’attarder, est là pour nous toucher par ses envolées lyriques et métaphoriques. Contradictions sur les émotions, la mort, la vie, la peur, les joies… Des images fortes et marquantes (je sais de quoi je parle), qui en font un film brillant, dans tous les sens du terme, qui forme cette empreinte des rêves absurdes et pourtant si concrets.

A voir, et probablement à revoir (si je m’entends).