Funny Games US
Sorti en salles en 2008, Funny Games US est le remake du film autrichien de 1997, Funny Games, qui avait, à l’époque, suscité dégoût et admiration. Remake oui, mais ayant la particularité d’être un remake réalisé par le réalisateur du film original, Michael Haneke, même s’il n’est pas le premier à faire le remake de son propre film, rappelons L’homme qui en savait trop d’Hitchcock pour n’en citer qu’un.
Funny Games US est donc un remake d’une profonde fidélité par rapport au film original, réutilisant même les modèles du film de 1997 : le décor principal de la maison a ainsi été recréé dans les mêmes proportions que celui de la première version.
Ann, Georges et leur fils Georgie, s’apprêtent à passer l’été dans leur résidence secondaire. Leur voisins, Fred et Eva sont déjà arrivés et ils décident de se retrouver le lendemain matin pour une partie de golf.
Tandis que son mari et son fils s’affairent avec le voilier, Ann prépare le dîner lorsqu’elle reçoit la visite de Peter, un jeune homme aimable et propre sur lui, invité de ses voisins, venu, à la demande d’Eva, lui emprunter quelques œufs. Ann accepte, mais finit par hésiter face à l’intrusion du jeune homme. Les choses dérapent et Peter, bientôt rejoint par Paul, son acolyte, vont faire vivre à la famille un véritable enfer.
Violence gratuite
A l’instar d’un certain A History of Violence, ou autres Ken Park et Elephant, Funny Games US expose le spectateur à la violence dans sa forme la plus extrème parce qu’arbitraire. Haneke a d’ailleurs déclaré souhaiter montrer la violence telle qu’elle est : « une chose difficile à avaler ». Il ajoute vouloir montrer « la réalité de la violence, la douleur, les blessures infligées par un être humain à un autre ».
En réalisant son premier Funny Games, Haneke avait déjà comme intention de toucher le public outre atlantique, réagissant justement à la violence des films américains, qu’il juge parfois trop naïfs : « Dans beaucoup de films américains, la violence est devenue un produit de consommation ».
Le film, dans une langue étrangère, avec des acteurs inconnus du public, n’a pas atteint la cible visée et, lorsqu’en 2005 le producteur Chris Coen lui propose de tourner la version US, Haneke accepte, à condition que Naomi Watts en soit la vedette.
Sexe, violence, drogue, déséquilibre mental
De plus, il semblerait que ces films, rares parce qu’intelligents, mais surtout laissant un arrière goût âpre, nous amenant à nous demander quel était le but fondamental du réalisateur, se soient fait une place au sein de la communauté des films d’auteur à tendance succès box-office. Il est devenu en vogue de critiquer la jeunesse dorée des Etats-Unis, de montrer leurs vices, leur décadence, leur perversion.
Tous les moyens sont bons pour détruire cette perfection grossière de la jeunesse américaine, instaurée à Hollywood avec ces innombrables teen movies et comédies qui trônent au box office depuis des années.
Les deux jeunes gens de Funny Games US, sont, à première vue, des jeunes de bonne famille, bien élevés, polis mais se révèlent être, par la suite, de sérieux psychopathes. Cette violence devient malsaine car elle se mêle à l’extrême politesse dont ils font preuve tout le long du film.
Leur tenue immaculée rajoute un côté improbable à la situation. Comment des jeunes aussi propres peuvent être aussi pervers ? C’est donc là que réside la problématique du film. Comment et pourquoi ? Qu’est-ce qui les pousse à un tel comportement ? La question de la drogue, effleurée, semble pourtant être une boutade. Des raisons à leur comportement sont évoqués toujours sur un ton facétieux. Nous n’aurons donc jamais de véritable explication. Et pourquoi s’en prennent-ils à ces gens ? L’absence évidente de mobile accentue la dimension perverse.
Ils s’amusent tout simplement…