Hérédité – l’horreur familiale

Hérédité

Premier long-métrage d’Ari Aster, Hérédité n’était pas passé inaperçu lors de sa sortie l’an dernier.

Comme à mon habitude, j’ai attendu un certain temps avant de découvrir le film et ce n’est qu’en fin juillet 2019 que j’ai allumé mon écran pour me plonger dans la spirale infernale de ce film. Ce qui deviendra finalement une aubaine, car son deuxième film, Midsommar, envahira les écrans des salles obscures quelques jours plus tard.

Milly Shapiro dans Hérédité

Succès incontestable et prouesse scénaristique – rien que ça – Hérédité a ceci de joli qu’il joue avec les nerfs de ses personnages – et ceux du spectateur en prime -, qu’il joue avec nos angoisses profondes et qu’il ne dévoile jamais vraiment de réalité fantastique.

Le deuil, la famille, les névroses et le culte, thèmes centraux du film d’Aster – qui se révèleront ensuite les thèmes récurrents de sa courte filmographie – placent Hérédité dans la veine des meilleurs Polanski. Ce film laisse un arrière goût de Rosemary’s Baby, de Répulsion, ce genre nouveau du cinéma d’horreur, à une époque qui marque le tournant d’un Hollywood vieillissant, et qui axe plus le sentiment de terreur du spectateur sur la psychologie du personnage que sur le monstre du lac ou le vampire pâle aux dents acérées, qui vient vous dévorer la nuit.

Toni Colette dans Hérédité

Toni Colette y est exceptionnelle en mère endeuillée et en prise à ses propres démons. Gabriel Byrne, qui peine à reprendre du galon ces derniers temps malgré sa jolie carrière, désormais derrière lui, excelle dans le rôle du père dépassé par les événements. Alex Wolff, ado chouinard et pathétique se révèle finalement le personnage central de cette angoisse progressive et assume le rôle avec finesse inattendue.

Alex Wolff dans Hérédité

Milly Shapiro, malgré un petit rôle et une apparition éclair – comme sa disparition – transcende le film par une omniprésence suggérée et finit de dresser le portrait oppressant de cette famille mélancolique et anéantie.

Un film subtil, une imagerie sombre, à l’instar du psyché de ses héros, une atmosphère onirique et une descente aux enfers où le spectateur peine à savoir si les événements ont bel et bien lieu ou si tout n’est que la résultante des fantasmes oppressants de ces sinistres personnages.