Ponyo, sakana no ko

L’intégralité des films d’Hayao Miyazaki sont disponibles sur Netflix depuis quelques mois, pour pallier la perte de son portefeuille Disney. Pour ceux qui aiment l’anime, la psycho et la philo et les engagements et allusions écologiques, vous voici servis. Netflix France prend un nouveau tournant assumé et tente d’asseoir une légitimité cinéphilique en élargissant considérablement son catalogue ciné d’auteur. En plus de la référence de l’anime japonaise on retrouve donc depuis fin avril Tuffaud, Dolan, Lynch et Chaplin à son chapelet de films.

Ponyo sur la falaise

Sosuke, cinq ans, habite un village construit au sommet d’une falaise qui surplombe la Mer Intérieure. Ponyo, petite fille poisson rouge, s’échappe discrètement de sa tanière pour découvrir la terre ferme. Sosuke découvre Ponyo, piégée dans un pot en verre, la sauve et décide de la garder avec lui, dans un sceau. Le petit garçon, fasciné par le poisson, promet de la protéger, et de s’occuper d’elle. Mais le père de Ponyo, Fujimoto, sorcier autrefois humain, vivant au fond de la mer, la force à revenir avec lui dans les profondeurs. Ponyo veut retrouver Sosuke et va tenter de s’échapper…

Une petite fille, un petit garçon. L’amour et la responsabilité. La mer et la mère, l’essence de la vie. Véritable remède à l’angoisse et aux incertitudes de notre époque, Ponyo sur la falaise est, avant tout, la fantastique histoire d’une mère et de son enfant..

Le chef d’œuvre d’Hayao Miyazaki démarre donc sur les chapeaux de roues avec explosions de couleurs, de lumière, véritable feu d’artifice où faune et flore aquatique se déplacent sur un fond musical envoûtant.

On découvre Fujimoto, sorcier ayant abandonné sa condition humaine afin d’œuvrer pour la prospérité des profondeurs aquatiques. Il est le père de Ponyo, petit poisson rouge à visage humain, qui a d’autres ambitions que celle de servir sa condition marine. Ponyo va donc se diriger vers les rives, se faire happer par un filet de pêcheur, pour finir piégée dans un bocal en verre. Sauvée par Sosuke, elle fera tout pour rester auprès de lui et, afin de pouvoir lier son destin au sien, décidera de devenir humaine.

Le conte d’Andersen revisité

Pour Miyazaki, Ponyo sur la falaise est l’adaptation du conte de Hans Christian Andersen, La Petite Sirène, transposée dans le Japon actuel. 

Une petite ville au bord de la mer, une maison au sommet d’une falaise, quelques personnages et l’océan vu comme une présence, une entité vivante. Un monde où la magie et l’alchimie font partie du quotidien. Tout en bas, comme notre esprit inconscient, la mer, et à sa surface, l’agitation des vagues. En modifiant l’espace et en altérant les formes, la mer n’apparaît pas seulement comme le décor de l’histoire, mais comme un de ses principaux protagonistes. Un petit garçon et une petite fille, l’amour et la responsabilité, l’océan et la vie, et l’essence fondamentale de tout cela : voilà de quoi par le Ponyo sur la falaise, un conte qui est ma réponse à la détresse et à l’incertitude de notre époque.

Hayao Myazaki à propos de Ponyo sur la Falaise

Mais au-delà d’une simple transposition du conte danois, l’histoire de Ponyo touche particulièrement Hayao Miyazaki qui, à l’aube de ses 67 ans lors de la sortie au cinéma du film d’animation, disait à son ami Tochio Suzuki : 

Je suis arrivé à un âge où je peux compter sur mes doigts les années qui me restent à vivre. Bientôt, je retrouverai ma mère. Que vais-je lui dire quand ce moment arrivera ?

Car comme dit plus haut, Ponyo c’est aussi l’histoire de l’amour entre la mère et de son enfant.

Ponyo sur la Falaise est donc un chef d’œuvre de plus de Miyazaki. Si l’histoire fait volontairement penser à La Petite Sirène, subtilement revisitée pour se caler parfaitement sur le monde moderne d’un Japon actuel, le graphisme et la musique nous transportent dans cet univers poétique et onirique propre à Myazaki.

Philosophie écologique

Marquée par la philosophie écologiste de son réalisateur, associant influences d’origines nippones ou issues de la culture occidentale, Ponyo, par son esthétisme et ses personnages attendrissants, saura séduire les plus et le moins jeunes.

Cette histoire d’amour entre deux enfants devient le ciment d’une rencontre entre la vie d’une famille japonaise d’aujourd’hui et le monde fantastique de la mer. Miyazaki voulant apporter un style graphique proche des illustrations de films d’enfant et refusant toute utilisation d’image numérique, a ainsi décidé d’utiliser des couleurs pastelles et des aquarelles. Technique qui apporte une beauté graphique en plus pour faire de son Ponyo une véritable merveille du cinéma d’animation.

Une fois de plus, Miyazaki se présente comme un véritable spécialiste du détail. La scène de la soupe de pâtes déshydratées, dans le calme familial, apporte au film une touche de sincérité, une sensation d’authenticité, intensifiée le contraste apporté par la dimension fantastique que prend le film avec la magie du monde marin, le tsunami, déferlante de vagues prenant l’apparence de poissons géants.

Une véritable explosion de couleur et de son, grâce à la musique de Joe Hisaishi, fidèle camarade de Miyazaki, qui vous emplira le cœur et l’esprit de pur bonheur.