Spirits

Spirits, ou Shutter en version originale, est un de ces innombrables films d’horreur, dans la veine des Ring, The Grudge, The Eye ou encore Dark Water. Un après-midi de solitude acerbe sous la grisaille automnale parisienne, n’ayant pas la moindre idée de comment combattre mon ennui grandissant, je me suis emmitouflée dans mon plaid douillet, préparé un bon thé mentholé, et laissée tenter par Spirits.

Jane, récemment mariée à Ben, le suit au Japon où il doit faire des photos de mode pour un magazine. Dès le départ on constate un démarrage identique à celui de The Grudge, version USA. Mais bon, ne soyons pas négatifs tout de suite. Au cours d’une excursion en voiture au Mont Fuji, les deux jeunes gens renversent une jeune fille apparue soudainement sur la route et, malgré leurs recherches, le corps reste introuvable.

Et là c’est le drame : la vie du jeune couple dérape sur les clichés, c’est le cas de le dire. Une histoire de fantôme à la sauce asiatique comme on en a vues et revues. Malgré un manque flagrant d’originalité dans le scénario, on aurait pu espérer un film pas trop mauvais. Mais il s’agit malheureusement d’un remake américain d’un film d’horreur thaïlandais. Ce simple détail devrait suffire. Parce que si les asiatiques sont très forts pour les films d’horreur, les américains sont plutôt mauvais pour les adapter.

Et la liste est longue car aux Etats-Unis ils aiment bien les films bien de chez eux. Et bon nombre de chef-d’œuvres horrifiques orientaux deviennent mal foutus dès lors qu’ils passent la frontière outre-atlantique.

L’éternel film de fantôme, dans l’ambiance angoissante des croyances japonaises, le malaise de l’héroïne confrontée à une ville étrangère, plongée dans une culture qui lui échappe… Si utiliser la milieu de la photographie comme axe central et son univers technique comme moyen de déceler une présence fantomatique semble plutôt bien joué et relativement novateur (ça nous rappelle un peu Project zero quand même), le dénouement de ce genre de film reste inlassablement le même : il s’agit toujours d’un fantôme en colère qui n’en a pas tout à fait fini avec le monde des vivants.

Le cinéma d’horreur asiatique, qui, d’un point de vue personnel, reste le meilleur dans son domaine, n’a de cesse de susciter la convoitise de nos voisins outre atlantique. Les studios Hollywoodiens semblent s’obstiner à massacrer des chef-d’œuvres du genre, usant de subterfuges à la subtilité contestable et consternante dans le but de nous faire sursauter aux moments qu’ils jugent opportuns. On appelle ça communément les jump scares et, franchement, si ça reste efficace techniquement, car oui on décolle bien de notre siège lorsque le son augmente d’un coup et qu’une apparition fantomatique surgit de nulle part sur la vitre du métro, le procédé reste, d’abord, facile et, ensuite, assez naze. Et mis à part ces quelques accélérations cardiaques, l’angoisse, la vraie, comme on l’aime, est totalement inexistante, le suspens quasiment nul et Joshua Jackson et Rachael Taylor ne brillent absolument pas par leurs talents d’acteurs.

Ce film ne fait que nous conforter dans l’idée générale qu’un remake reste moins bon que l’original, dégageant l’odeur désagréable, voire nauséabonde, du réchauffé. Une véritable perte de temps, en somme.