I watched Ratched – Que vaut la dernière de Ryan Murphy ?

Ryan Murphy, scénariste génial qui sait dépeindre avec talent les différents mondes fantasmés d’époques décousues, n’en est pas à son coup d’essai. De Nip/Tuck à The Politician, en passant par American Horror Story, Glee, Feud et, tout récemment Hollywood, Ryan Murphy n’a fait que confirmer sa faculté prodigieuse à créer une série excellente. Toutes, sans exception, font partie de ces séries que je trouve, personnellement, exceptionnelles et ce, malgré des tons, des sujets et des styles très variés.

Il passe avec aise de l’horreur à l’humour, du fantasme d’époque grandiloquent à l’expression du malaise adolescent, tout en mettant en exergue des sujets redondants qui lui semblent chers, tels que l’homosexualité et son acceptation qui, selon les époques, sera plus ou moins mal vu mais restera quoiqu’il en soit un sujet de malaise social sans équivoque.

Et du coup, Ratched ?

Drôle d’idée, cependant, de s’atteler à l’adaptation en série du personnage culte de l’infirmière de Vol au-dessus d’un Nid de Coucou pour en faire le sujet principal de son show, pop et coloré, à l’image de son univers. Série par moment exceptionnelle mais, la plupart du temps, souffrant d’une absence cruelle de profondeur à tendance vide intersidéral.

Les décors sont beaux, les costumes magnifiques, le réalisateur s’amuse donc à recréer un univers très pop et reconstitue des années 40 de carte postale, à l’instar d’un peintre surréaliste qui s’adonnerait au Pop-Art. Ma série est, du coup, extrêmement jolie à regarder. Mais être belle ne suffit pas et, après avoir regardé l’intégralité de la première saison, on constate que si belle elle est à regarder, vide, malheureusement, aussi elle est.

L’infirmière Mildred Ratched c’est donc ce personnage secondaire, sadique et cruel, imaginé par Ken Kesey dans son roman de 1962 et qui fait trembler Nicholson et les résidents de l’asile où elle sévit dans l’adaptation cinématographique de 1975. Le projet de Murphy était donc de creuser la personnalité de la fameuse infirmière pour en faire le point central de sa série et développer toute sa psychologie pour, finalement, tenter de nous faire comprendre d’où viendrait ce tempérament tyrannique.

L’entreprise aurait pu s’avérer intéressante, surtout connaissant les talents de Murphy (j’avoue lui vouer un culte assumé) mais, si la série se laisse regarder et apprécier par moments, elle nous laisse cependant un vague sentiment de questionnement sur la raison de son existence.

Malgré la présence de ses chouchous de prédilection, Finn Witrock et Sarah Paulson que, pour le coup, j’ai appris à adorer au fil des saisons des séries de Murphy, et de quelques têtes connues, çà et là, comme Corey Stoll, Brandon Flynn et Cynthia Nixon, sans oublier l’extraordinaire Sharon Stone, Ratched peine à décoller et déçoit par un déroulement longuet et insipide.

La série peut valoir le détour à plusieurs niveaux : esthétique, psychologique parfois, etc. mais le projet de base qui était, rappelons-le, d’explorer les origines du mal qui ont fait de Mildred Ratched cette infirmière culte de malveillance et de cruauté, n’a malheureusement pas été suffisamment respecté. Nous n’en sommes cependant qu’à la saison 1, laissons-lui donc une chance et voyons ce que la saison 2 apporte.

A voir, ou pas, on sait pas vraiment…