Il est revenu…

Sorti en 2017, le film a su redonner le souffle du septième art au roi de l’horreur. Attendu comme le messie par les fans de la première heure du clown satanique, dont je fais partie, les férus de films de genre et les amateurs de l’écrivain horrifique, appuyée par des critiques dithyrambiques outre Atlantique et poussé par un démarrage exceptionnel au box-office, le film a fait l’effet d’une bombe à sa sortie créant le buzz et s’inscrivant dans les événements marquant de l’Histoire de l’horreur au cinéma. Disponible sur Netflix depuis quelques jours, voilà l’occasion de redécouvrir cette nouvelle adaptation du roman culte de Stephen King et, pour moi qui l’avait déjà vu 3 fois à l’époque, d’avoir un avis un peu plus objectif.


Le scénario on le connaît déjà. Après avoir vu et revu pendant des années la première partie du téléfilm avec Tim Curry dans le rôle du clown aux dents pointues, et ce dès le plus jeune âge, j’ai en plus fini par lire le bouquin, un peu plus tard. Sortant à peine de l’enfance et entamant ma période pré-ado, abreuvée de Chair de Poule et autres X-Files, bagguy sur les fesses et casquette vissée sur la tête, en vraie gamine des années 90, lire Stephen King était donc la suite logique, cette auteur responsable d’un véritable trauma de mon enfance.

Plusieurs disparitions d’enfants sont signalées dans la petite ville de Derry, dans le Maine. Au même moment, une bande d’adolescents doit affronter un clown maléfique et tueur, du nom de Grippe-sou, qui sévit depuis des siècles. Ils vont connaître leur plus grande terreur…

On l’attendait de pieds fermes… Il est donc bien revenu !

Adapter Ça sur grand écran n’est pas chose aisée puisque, en plus de devoir affronter les déceptions en tout genre, soit des fans soit de l’auteur lui-même, il s’agit de prendre en considération tous l’univers terrible et onirique de l’enfance. C’est en ça que Ça reste à mes yeux, et aux yeux de beaucoup, une des œuvres littéraires d’horreur les plus abouties du XXème siècle. Si le bouquin est surtout connu grâce au téléfilm culte des années 90, le chemin d’une réadaptation s’est finalement tracé, laissant le champs libre au réalisateur de Mama d’en tirer un long métrage plus construit, plus beau et mieux réussi. Entre le film d’horreur qui fait son come back depuis quelques années, notamment depuis The Conjuring qui a nettement marqué les esprits sur un retour en fanfare du cinéma frissons et la mode du rétro exacerbé par des séries so 80’s comme Stranger Things, de laquelle on retrouve d’ailleurs avec plaisir l’acteur Finn Wolfhard, la sortie de Ça sur grand écran était, finalement, logique.

The darkness : des égouts, du dégoût.

L’introduction nous plonge immédiatement dans un univers plus dark que sa version précédente. Et si on connaît l’histoire et cette fameuse scène du début, cette scène qui nous enfonce directement dans l’horreur avec Georgie qui se fait tuer dans le caniveau sous une pluie battante, cette version plus moderne installe rapidement une jolie ambiance glauque. La mise en scène et les effets spéciaux simples de la scène contribuent à instaurer un climat délétère, une photographie réussie mais, néanmoins, on constate dès le début les limites du film qui peinera à nous faire réellement frémir. Du sang oui, des jump scares aussi – dieu sait si je sursaute à chaque augmentation sonore et cardiaque, mon amoureux en a d’ailleurs fait les frais – un peu de frissons, légers, mais pas de vraie frayeur, viscérale et captivante.

Au fond, les enfants traumatisés que nous étions devant Tim Curry en clown maléfique continuent de tressaillir, plus à cause du traumatisme de nos jeunes années qu’en raison du clown incarné par Bill Skarsgård, qui tient plus du cliché horrifique de ces dernières années. Toutes ces apparitions, tantôt clownesques tantôt grimées en peur enfantines, agitées de soubresauts mécaniques, semblent être une confession du réal sur l’absence de confiance qu’il met en son personnage principal. En somme c’est une sorte de décision unilatérale de répondre aux angoisses des spectateurs actuels qui, finalement, n’explore pas toute la complexité et l’effroi du personnage et l’articule tel une marionnette à frissons.

En mettant le paquet sur les jump scares, les effets spéciaux et les images de synthèse, Andrès Muschietti perd de vue l’enjeu de Grippe-sou, sa véritable dimension épouvantable. En le rendant presque omniprésent il ne lui laisse, finalement, pas l’espace dont il a besoin pour réellement s’affirmer et en fait un personnage un peu flippant, certes, mais, finalement, trop lisse et pas si dérangeant.

New kids on the block

Finalement la force du bouquin et du film réside dans son Loser Club, ces gang de gamins qui apporte au film sa dimension nostalgique et sa dose d’imaginaire, sans oublier toute cette violence sans laquelle Ça serait uniquement un monstre hystérique. Faire de l’enfance et du club l’élément central du long-métrage est donc cohérent et fonctionne à merveille. La joyeuse bande fait du film un agréable moment ponctué de sursauts, facile la plupart du temps, mais contribue à le rendre attendrissant et captivant.

Et si le film se termine sur une note agréable et enchantée, portée par un club mélancolique mais, au fond, heureux, ce n’est pas un hasard car, lorsque l’avertissement d’un deuxième chapitre s’affiche lors de la clôture du film on se souvient plus de toute la bande que du clown machiavélique.