La Ligne Verte ne vous laissera pas indifférent

Une chose semble sûre, Frank Darabont aime la prison et Stephen King. C’est à lui que l’on doit, entre autre, Les Evadés, film somme toute exceptionnel que, personnellement, j’adore et dont je ne me lasse pas, adapté d’un roman du roi du thriller fantastique et horrifique.

Il y a 21 ans sortait La Ligne Verte, adapté again d’un roman de Stephen King, un film autour du death row, lieu où les condamnés à mort attendent sagement leur tour sur la chaise électrique, et d’un racisme aisé et systémique à l’américaine, le tout sur fond de cet univers fantastique si cher au romancier.

C’est ce genre de film, ultra stylé, super triste, malgré un petit côté larmichette facile par moment, follement émouvant, qu’on ne peut pas ne pas aimer. Je me souviens très bien, comme si c’était hier, avoir ressenti une profonde tristesse, comme si on m’enlevait quelque chose de précieux, à la vue de ce film et, notamment, lors du fameux speech du méga grand black, John Coffrey, joué par le regretté Michael Clarke Duncan : « je suis fatigué patron« .

J’avais 13 ans à l’époque et, malgré un accès à une cinématographie assez large, merci papa, merci maman, et à une culture plutôt variée, gauchiste et engagée, je crois que c’est l’une des première fois où j’ai assisté à LA profonde injustice, qui va bien au-delà d’une accusation à tort et d’une mort arbitraire, en raison de la couleur de peau.

Car le film, malgré, je me répète, un aspect tire-larme parfois sans grande subtilité, s’axe comme une dénonciation hyperbolique de ce racisme abjecte qui sévit depuis bien trop longtemps aux USA.

Ecrire sur et pour ce(ux) qu’on aime

Si je fais le bilan, calmement, je me rend compte que, globalement, j’ai tendance à plutôt écrire sur les films que j’aime. Il m’arrive parfois de pondre, vite fait bien fait, un court article sur ce sombre film qui m’a profondément déplu, quand l’inspiration et la motivation se font désirer et que je me dis qu’il faut remplir le site. Mais, de manière générale, pour moi l’objet même d’une critique, c’est disserter sur les thèmes qu’un film a fait naître au plus profond de son être. Chose difficile, voire impossible, avec un film qui nous a laissé de marbre. Et, pour ceux qui me connaissent un peu, laisser libre court à mes élucubrations cérébrales fait clairement partie de mes passe-temps favoris !

La Ligne Verte fait donc évidemment partie de mes classiques, de ces films que j’aime énormément et dont je ne me lasserai jamais.

C’est ce genre de film que l’on regarde en deux temps.

D’abord c’est tout le corps qui se retrouve secoué d’émotions, violentes et belles à la fois. Violentes parce qu’elles poussent dans leurs retranchements toutes les convictions, innocentes et naïves, qui composait notre monde d’avant. Belles parce qu’elles entrouvrent les yeux sur la vie, sur la mort, sur bon nombre de questions que l’on peut tourner et retourner sans cesse sans jamais trouver de réponse établie. La première lecture, celle où l’on pleure, celle du cœur.

Ensuite vient l’appréciation intellectuelle face à ce film intense, dense, ce film qui laisse la place à une réflexion crue et acerbe – et non accrue et serbe, (sorry j’ai pas pu m’en empêcher) – d’une société, révolue certes, mais raciste, injuste, triste et médiocre.

Finalement nous sommes ballottés entre émotions et réflexions. Sur la peine de mort. Sur cette injustice qu’elle représente. Sur sa violence surtout. Que dire des jugement hâtifs et des accusations à tort ? L’histoire vraie de George Stinney Jr (qui semble avoir inspiré celle de Stephen King) 14 ans, qui fut accusé à et envoyé dans le couloir de la mort alors qu’il était innocent, en 1944, est aussi là pour en témoigner. Bonjour tristesse.

Vraiment, La Ligne Verte ne vous laissera pas indifférent.

Par cette manière que ce film a de nous envoûter en abordant, naïvement diront certains, des sujets graves comme la vie, la mort ou encore l’injustice. Avec cette question qui persiste tout au long du film et qui resurgit et nous transcende à la fin : la vie vaut-elle mieux que la mort ? Parce-que nous sommes tous déjà arrivés à un point où nous étions fatigués, patron.