Dead Set, des zombies sur un plateau

Les zombies sont souvent un prétexte, dans le monde merveilleux du film d’horreur et du gore de la série B, pour dénoncer une pratique sociétale qui rebute le réalisateur.

Pour n’en citer que quelques-uns, on retiendra Dawn of the Dead qui dénonce les habitudes de consommation des américains moyens qui se réfugient dans un centre-commercial en pleine invasion zombie. Pontypool, un de mes favoris, où les gens sont contaminés à travers le langage et qui s’axe comme une métaphore de la difficulté à communiquer dans une époque moderne. Avec Chronique des Morts-vivants, Romero continue sa critique acerbe de la société américaine avec un film en found footage qui s’essaie, cette fois-ci, au pamphlet anti surconsommation médiatique. Il y en a plein d’autres évidemment où l’apocalypse zombie devient une symbolique anthropologique, et anthropophage, pour analyser et condamner les dérives d’une société devenue malade et parasite.

Pas étonnant alors que cette série, gore et cinglante, adopte la tendance, d’autant plus qu’elle est réalisée par Charlie Brooker qui en était à ses prémisces, bien avant qu’il ne s’attaque à bras le corps à la, dorénavant, très connue Black Mirror. Ici la critique s’attaque à la société britannique et à la télé-réalité puisque la mini-série se passe majoritairement sur le plateau télé de Big Brother, émission très en vogue outre-Manche, pays du tabloïd, lors de la diffusion de Dead Set sur E4, en 2008.

Simple et efficace

La production de Big Brother, version UK de Loft Story, se prépare au prime time de ce soir et à la sortie d’un des participants de l’émission. L’intégralité de la Grande-Bretagne, avide de ce genre de niaiseries télévisuelles, se tient prête à faire la fête. Mais c’est alors que des zombies envahissent la ville, et bientôt le plateau télé, et s’ensuit une course à la survie, entremêlée de réflexions intellectuelles, quand le seul lieu sûr, pour les quelques survivants de l’extérieur et ses habitants, s’avèrent être les locaux dans lesquels sont enfermés les candidats depuis des semaines.

Concept plutôt simple donc mais diablement efficace pour permettre à Charlie Brooker de s’adonner à sa pratique préférée : la critique de ses pairs britanniques. Et la violence commence, pour mon plus grand plaisir car j’admets humblement avoir développé une véritable passion pour les films et séries d’horreur, en général, et pour les zombies en particulier. Ca coure, ça crie, ça saigne, ça contamine, ça ne s’arrête plus ! Enfin si, après 2h15, lorsque le dernier épisode de la mini-série s’achève.

L’argument est assez évident : les zombies dénués de réflexion, et même de cerveau, sont l’allégorie, presque grossière car sans subtilité, d’une émission où la stupidité règne en maître et, plus spécifiquement, d’une population en totale adoration devant des personnes en mal de leur quinze minutes de gloire. Et la bêtise se propage comme la gangrène et contamine tout un chacun, rapidement et violemment. La réflexion à laquelle on peut se laisser aller ne s’arrête pas là car une question se pose : les gens sont-ils stupides dès le départ ou le deviennent-ils à force d’ingurgiter toute cette Junk TV ? Le parallélisme est simple, presque trop facile, devant la contagion véloce de la maladie qui s’empare rapidement de toute la population. Comme qui dirait, faut pas avoir fait l’ENA.

Mais si l’exercice est aisé, la réalisation fonctionne plutôt bien et la qualité est indéniable. Et nous sommes complètement subjugués et émerveillés devant tant d’hémoglobine intelligente. On pourra se laisser aller à quelques réflexions condescendantes sur la condition humaine d’un monde actuel, quoique la série a déjà 12 ans, où la surconsommation, de produits télévisés abrutissants entre autre, devient monnaie courante.

Série à voir donc, si vous voulez mon avis et, pour ceux qui préfèrerait une version 2020, dans quelques jours débarque sur Netflix Reality Z, son adaptation brésilienne. Histoire de dépoussiérer un peu et de se remettre au goût du jour sur la télé-réalité qui a, malheureusement, bien trop « évolué » en douze ans.