La Naissance du Cinéma

Le 28 décembre 1895, dans un café parisien, boulevard des Capucines, le Cinématographe est né. Dix « vues animées » de moins d’une minute chacune, représentant entre autre une farce d’un enfant espiègle dans un jardin, une baignade en mer ou encore le déjeuner d’un bébé. Cette séance, publique et payante (1F la place), n’était pas la première fois qu’on voyait des images bouger sur écran, c’est, cependant, la première fois que la notion de film, complet, structuré, s’est imposé comme une évidence.

L’arrivé d’un train en gare de la Ciotat suscite, en 1896, la première grande émotion devant un écran. Les spectateurs se couchèrent sous leurs sièges, persuadés que le train allait les écraser. La magie du mouvement crée alors la dimension fantasmagorique. Avec une quarantaines de vues, réalisées entre 1895 et début 1896 par Louis Lumière, parfois aidé de son frère Auguste, exploitent les diverses possibilités du cinéma, du burelesque (Charcuterie Mécanique) au spot publicitaire (La sortie des Usines Lumières) en passant par les trucages (Démolition d’un mur, le mur démoli qui se reforme).

L’histoire du cinéma peut alors commencer. En 1901, Ferdinand Zecca réalise L’Histoire d’un Crime. Couché sur une paillasse, un condamné à mort revoit en songe les épisodes de sa vie qui l’ont conduit où il est. Jeunesse aventureuse, mauvaises fréquentations, descente aux enfers, alcoolisme… Se voyant monter à l’échafaud il se réveille brusquement. L’homme sera exécuté. Avec ce film de 5 minutes, Zecca crée le premier flash-back de l’histoire du cinéma. Poète qui s’ignore, il introduit une dimension onirique à la technique encore sommaire du cinéma.

Georges Méliès, en 1902, introduit pour la première fois les effets spéciaux. Avec son Voyage dans la Lune, à mis chemin entre Jules Verne et H. G. Wells, il suit le chemin.

Le cinématographe des frères Lumière oscille entre la réussite d’une curiosité scientifique, d’un art apparenté à la photographie, d’un spectacle et d’une industrie. Si Antoine Lumière, le père, ne voit en cette invention aucun avenir commercial, deux hommes d’affaire avisés pressentent, au contraire, un potentiel lucratif. Ces deux hommes, Charles Pathé et Léon Gaumont de leur noms, vont s’employer, dès la fin du XIXème siècle, à monopoliser le marché du cinéma. L’industrie du film est née.