L’amour et les « grand gestures » n’existent pas

Des comédies romantiques j’en ai bouffé. Née en 86, j’ai finalement été éduquée à grands coups de savates et de films émouvants sur l’amour, parfois impossible, parfois magnifique, parfois triste à mourir, le genre de film qui te tire les larmes bien comme il faut et où te dis que « oui, c’est un paradis », mais que c’est aussi l’enfer. L’amour passion qui va te déchirer et te détruire mais sans lequel tu ne saurais vivre.

J’ai grandi dans cet univers où l’amour prend toute la place. Et non seulement il prend de la place mais quand il est simple, fluide et beau, il semble imparfait. Parce qu’il faut de la passion, des effusions, l’amour, l’amour, l’amour… Plus l’amour te déchire, plus il est vrai, soit disant. Amour difficile, voire impossible durant tout le film, et à la fin, le mec, presque toujours, se rend auprès de la fille, et lui fait une déclaration extraordinaire, à base de chansons, de gestes romantiques, et à coups de « il n’y a que toi pour moi ». Et, soyons honnêtes, notre cœur, à ce moment précis, s’emplit de bonheur, de joie, et d’amour, et c’est là qu’on se dit « oui, c’est ça que je veux ».

Un mec qui est prêt à tout pour toi, qui t’aime profondément et qui est capable de se secouer, de se déplacer, en plus des montagnes, et de te dire je t’aime, tu es la femme de ma vie, je ne veux pas vivre sans toi.

Ça fait quelques années que je m’en rend compte, petit à petit, mais, ce n’est qu’un film. Je dis un parce que, quelque soit le scénario et la décennie qui l’ont enfanté, le film romantique s’articule et se finit toujours de la même manière. Je t’aime, je te fais du mal, je suis humain, je fais des erreurs, tu m’aimes, tu me pardonnes.

Tout ça n’existe pas. Combien de fois j’ai attendu qu’un homme me montre qu’il m’aime, à la manière de John Cusack dans Say Anything… Ça n’est jamais arrivé. En tant que drama queen de mon état, mon impulsivité n’a pas son pareil. Il m’est déjà arrivé de regretter mes élans dramatiques, mais quand ta mère te dit depuis le plus jeune âge « j’ai enfanté un toon » ou « tu devrais faire du théâtre », la dramaturgie fait forcément partie de ton quotidien.

Mais si j’ai regretté instantanément des messages intempestifs, envoyés à cet homme que j’ai cru aimer l’espace d’un instant, un désir de grand gesture jamais arrivé, je n’ai finalement pas regretté d’avoir coupé court à une relation qui me faisait plus de mal qu’autre chose. Parce que personne, personne n’a jamais relevé ce défi que je lui lançais silencieusement : je t’attend, enlève moi, aime moi profondément, fais de moi celle que tu aimeras toujours. Non, décidément, les grand gestures n’existent pas…

Qu’à cela ne tienne, je n’ai plus grand chose à dire ni à faire, à part apprécier un film romantique çà et là, avec ce cœur rempli d’amour et qui ne désemplira jamais, mais toujours avec ce petit sourire en coin parce que je sais, au fond, que tout ça reste du cinéma.