Le Premier Jour du Reste de ta Vie

Nul besoin de s’appesantir sur le fait que ce film est un bon film français puisque, finalement, c’est un très bon film tout court. Casting 5 étoiles – oui j’adore Jacques Gamblin et Zabou Breitman mais ils ne sont pas les seuls à briller dans ce film porté par l’intégralité des personnages -, scénario et dialogues subtils, bande son qui claque sa mère – David, Etienne, Lou, we love you… Tout les ingrédients sont réunis pour nous filer le smile et les larmes, au moment opportun.

C’est l’histoire d’une famille moyenne que l’on va suivre pendant 12 ans à travers cinq jours qui ont marqué la vie, ou plutôt le reste de la vie, de chacun de ses membres. Et le film démarre sur les chapeaux de roues, avec un événement marquant qui va déclencher un début de rupture dans les rouages d’une famille, tout en nous présentant subtilement les diverses personnalités de chacun des protagonistes.

Robert, le père, est un homme comme on en fait beaucoup à l’époque, fan d’un rock un peu rauque des années 60, taxi de son état, mélancolique et surtout conciliant, qui n’arrive pas à passer outre l’autorité de son propre père.

Marie-Jeanne, la mère, essaie tant bien que mal de rafistoler les délitements et les désagrément d’une famille un peu bancale et se risque à s’affoler en s’imaginant que sa vie et son corps s’affaissent.

Albert, l’aîné, qui quitte en premier le domicile familial, se heurte à son propre pragmatisme en vivant sa vie sans trop de passion. Raphaël, le deuxième, artiste au grand cœur, le mec cool par excellence, vaque à ses occupations en attendant de savoir ce qu’il veut faire de sa vie. Fleur, la petite dernière, ado grunge et torturée, passe son adolescence non sans mal et sans querelles.

Et c’est finalement avec cette jolie narration, onirique et romanesque, que le film nous conte les relations complexes des parents et des enfants. Le premier fils est adoré par maman mais ressent une pression terrible du père. La fille ne supporte plus sa mère. Le petit du milieu est paumé et tente au mieux de faire tampon, sans grand succès la plupart du temps. La mère panique et le père évite.

Et le choix narratif du film, parlons-en justement. C’est ici que réside toute cette originalité qui fait du Premier jour du Reste de ta Vie un film quasi parfait. 12 ans d’une vie de famille, 12 ans pour suivre l’évolution parfois chaotique, souvent touchante, par moment larmoyante et par d’autres très marrante, des jeunes et moins jeunes gens qui la composent. 12 ans oui, mais à travers cinq journées particulières, chacune étant dédiée à un événement important de la vie d’un des personnages. Le premier jour du reste de sa vie, en somme.

Et malgré sa construction morcelée et parfois déroutante, le récit est finalement ultra fluide grâce à sa qualité d’écriture indéniable qui met un personnage en valeur sans jamais perdre les autres de vue. L’existence de chacun qui s’articule autour d’ellipses qui vont finalement structurer un destin, avec cette puissance du lyrisme exalté.

Malgré quelques simplicités qui frôlent parfois le cliché, léger, disséminées çà et là, ce film vogue sur les flots du charme à la française. Si j’avoue humblement qu’avant hier je ne l’avais jamais vu, je ne peux que conseiller à tout un chacun de le voir, au moins une fois dans sa vie.