Que vaut vraiment V Wars ?

Nouvelle série d’horreur Netflix, disponible sur la plateforme depuis le 5 décembre, l’heure est venue de se demander ce que vaut V Wars.

Ian Somerhalder, une série et des vampires, ça sonne familier ? Non, on ne parle pas de Vampire Diaries, mais de V Wars, qui vient s’ajouter à la longue liste de séries et films vampiriques déjà existants. La question peut se poser sur ce choix professionnel hasardeux. Car V Wars, autant que Vampire Diaries, ne sont clairement pas les meilleures séries sur le sujet. La première s’essouffle assez vite, malgré l’ambition plutôt cool d’adapter au petit écran le comics assez sympa de Jonathan Maberry. La seconde est une énième version coquette et sanglante des problèmes d’adolescents torturés, à laquelle on préférera sans équivoque la géniale Buffy Contre le Vampires de Joss Whedon qui a su traiter le sujet de l’adolescence de manière moins léchée, plus imagée et subtile.

Sur le papier, le projet est assez chouette. Adaptation plutôt originale du mythe vampirique : on sort des Carpates et on quitte le comte Dracula pour découvrir qu’un terrible virus, enfermé dans la glace du pôle nord pendant des siècles, est malencontreusement libéré par des chercheurs.

C’est donc un beau scientifique, Dr. Luther Swann (monsieur Somerhalder) qui se retrouve exposé avec son meilleur ami, son bestie, son frère, Michael Fayne (Adrian Holmes), à un virus étrange. Quarantaine et mal de crâne passés, il semble s’en sortir pas trop mal, pour une raison obscure, quand son meilleur pote, lui, se transforme peu à peu en espèce de vampire chelou et agressif. Patient zéro oui, mais loin d’être seul, car l’épidémie se répand à vitesse grand V, contaminant une bonne partie de la population et mettant en scène une guerre entre ces nouvelles créatures, issues d’une mutation génétique virale, et les humains.

L’idée de départ était, avec un scénario plutôt malin, de propulser le mythe du vampire dans sa version plus moderne, plus réaliste, peut-être même plus crédible.

Clichés et patriarcat


Malheureusement, malgré des sujets intéressants et pas mal de choses à raconter la série s’enlise à coup de clichés rébarbatifs, d’un scénario pauvre et mal écrit, de dialogues ennuyeux et d’acteurs maladroits.

Si on ajoute à ça une tendance flagrante à la suprématie patriarcale archaïque, on a légèrement envie de vomir. Les hommes sont forts et occupent des positions significatives, des postes à responsabilités et décisionnaires, quand les femmes ne sont, somme toute, que jolies, sexualisées à mort et lourdement neuneus.

La femme du héros, Jess, arrive d’ailleurs rapidement et donne le ton du rôle des femmes dans la série. Faire joli et aider les hommes, ces héros, à trouver leur place de sauveteur dans cette série décidément très (trop ?) masculine. Les seuls personnages féminins qui semblent, à peine, tirer leur épingle du jeu sont soit évincées rapidement, soit destinées à se balader en petite culotte et nuisettes en soie.

Série pour fans de dents longues


Finalement, V Wars conviendra surtout aux aficionados du genre, à ceux qui ont adoré Vampire Diaries jusqu’au bout qui ont dévoré – la très très bonne – True Blood jusqu’à la dernière goutte, et qui vouent une adoration fébrile et sans borne aux frères Salvatore et particulièrement à Damon.

Il semble que Netflix ait adopté une nouvelle stratégie consommatrice, à laquelle V Wars répond parfaitement : du contenu en pagaille, vite publié, vite consommé, et surtout vite oublié.

Déjà-vu, caricaturale, enlisée dès les premiers épisodes, la série, qui au départ promettait un regard neuf sur le mythe redondant du vampire, perd rapidement de sa superbe. Elle ne mérite malheureusement que l’on appuie sur la touche play uniquement pour ce qu’elle est, un divertissement sans grande saveur.

Quant aux amateurs du genre, Steven Moffat et Mark Gatiss (les très bons responsables de Doctor Who et Sherlock) offriront une réinterprétation so british du mythe de Dracula qui arrive très bientôt sur Netflix.