Scream 6

Quand j’ai vu Scream, premier du nom, j’avais 12 petites années et j’ai clairement été subjuguée du haut de mon impressionnabilité extrême. Et puis, finalement le film était plutôt bien fichu et même assez intelligent dans sa revisite du slasher à la sauce 90’s. On a eu le droit ensuite à une ribambelle de film du même genre, abreuvés de lycéens – joué par des adultes consentants – torturés par des tueurs fous au mobile bancal. Le deuxième était plutôt réussi et le 3 n’était finalement pas si mal, mais c’est normal Wes Craven était toujours aux manettes et Kevin Williamson était l’auteur du scénar des deux premiers. Et depuis, depuis je ne peux m’empêcher de voir les innombrables suites, toutes plus mauvaises les unes que les autres, mais c’est comme ça, c’est irrépressible. Le seul truc qui me sauve un peu c’est que j’y vais, j’y fonce même, en connaissance de cause, avec un vague espoir – vite avorté – que celui-ci sera mieux que les précédents.

Le 5, qui se voulait une suite logique meta de la franchise, est sorti plus de 25 ans après le premier (toujours dans mon cœur). Le 6 donc, celui vu hier, lui emboite le pas avec évidence puisque le succès de son prédécesseur ne laissait aux producteur pas le choix que de surfer sur les dollars.

Comme dit précédemment, on n’a plus grand chose à attendre d’un Scream à ce stade. La sauce ne prend plus et malgré une volonté de respecter les ingrédients de base, du gore et une sorte d’analyse cinématographique du cinéma d’horreur, mais surtout du gore, on est surtout confrontés à une inutilité sidérante quoique parfois divertissante.

Si la trilogie était plutôt réussie, le 4 a pris un tournant sombre, souhaitant rajeunir la saga en amenant du sang frais tout en ramenant les héros des précédents pour les malmener toujours autant. Le succès fut tel qu’il a fallu attendre 11 ans et la mort du réalisateur pour qu’un autre pointe le bout de son nez. En tout état de cause, le sang est frais et fraîchement versé en bonne et due forme sur le sol, le mobile des tueurs est de plus en plus capillotracté, et le film est savamment ponctué par des apparitions fantomatiques des stars d’autrefois, botoxées à mort. La cruauté hollywoodienne dans toute sa splendeur.

Argument phare de l’épisode : New York. Exit la petite ville de Woodsboro dans le Michigan, on joue dans la cour des grands, le volet se passe dans la ville qui ne dort jamais. Quelques scènes, un peu absurdes, nous font voyager et quitter l’imaginaire de la petite ville américaine pour nous projeter dans une ruelle sombre de la grosse pomme, dans le métro bondé ou encore dans une épicerie nocturne. Mais finalement c’est une parenthèse enchantée vite bâclée et refermée et on retourne docilement à des scènes vues et revues, des basiques ennuyeux, parce que l’heure n’est définitivement plus à la création mais aux simples variations débiles et fastidieuses.

Voilà, pour résumer, Scream VI est un peu nul et pas très utile. Ça fait belle lurette que la saga s’essouffle et n’a plus grand chose à dire. Ennuyeux et pas très bon, il reste un divertissement sanguinolent et distrayant qui nous assure probablement encore de nombreuses suites indigestes qu’évidemment je n’arriverai toujours pas à bouder.