« Self Made » sur Netflix : on zappe ou on matte ?

Tout d’abord, succès Netflix ne veut pas dire film ou série extraordinaire. D’autant plus en cette période de confinement de l’extrême où, outre pâtisser ou bricoler, regarder et binge-watcher devient une activité centrale pour beaucoup.

« Self Made », mini-série sur la vie personnelle et, surtout, professionnelle de Madame C.J. Walker, met en scène la première femme afro-américaine devenue millionnaire aux États-Unis grâce à sa lotion capillaire. Avec ces allures évidentes de dénonciation raciste, de féminisme, de politique, cette série aborde des thèmes passionnants et, malheureusement, toujours d’actualité mais s’enlise dans une mise en scène un peu trop mélo qui dessert son scénario d’origine.

Une histoire qui gagne à être connue


Peu de personnes, encore moins en France, pouvait se targuer de connaître l’histoire, ou encore le nom, de Sarah Breedlove, aka Mme C.J. Walker. C’est maintenant chose faite grâce à la plateforme consumériste télévisuelle qui a envahit la plupart des foyers du monde. Et c’est pas plus mal car, dans cette démarche de connaissance chère à la plupart d’entre nous, apprendre ces petits événements historiques est toujours bénéfique.

MADAM CJ WALKER

Les problématiques fusent aussi bien que l’ambition de la protagoniste qui émerveille par sa prestance. Dans cette histoire on retrouve Octavia Spencer, qui en 2011 a reçu un oscar pur son second rôle dans « La Couleur des Sentiments » et qui, depuis, occupe une place de choix dans le paysage ciné ou télé américain. Elle illumine, crève même l’écran, avec la justesse de son jeu, donnant à cette mini-série une profondeur qu’elle n’aurait certainement pas eue autrement.

Ambition inspirante et moral au beau fixe


Pétillante et déterminée, ambitieuse et talentueuse à bien des niveaux, l’épopée de Sarah Walker a ceci de joli qu’elle sait inspirer et faire relativiser. Malgré un parcours de vie semé d’embûches, elle affronte ses problématiques à bras le corps et, surtout, ne se laisse pas abattre. Et ça donne à réfléchir, surtout en pleine période de confinement où, évidemment, nous n’avons que ça à faire.

Si la mini-série semble tourner autour des cheveux, de leur pousse, repousse, beauté, en définitive il s’agit d’un ode à la confiance en soi qui passe, souvent, par ce qui semble être des détails physiques. Mais ça va au-delà, évidemment. Car, après tout, c’est bien souvent un cercle vicieux, ou vertueux selon le verre à moitié vide ou à moitié plein.

Une dimension féministe comme on les aime


Pour les amateurs de fresques historiques, comme moi, avec une certaine affection pour la Louisiane du début du siècle dernier, cette mini-série est du pain béni. Toujours irrémédiablement attirée par les biopics, les films historiques ou encore les films de guerre, ce qui me parle le plus dans les œuvres cinématographiques réside dans l’histoire (avec ou sans h majuscule) qu’elles peuvent apporter. Et dans cette fresque là je n’ai pas été en reste.

Mais ce n’est pas ici que réside l’essentiel de l’oeuvre. Elle nous plonge dans le quotidien de cette femme extraordinaire et, en plus de (beaucoup) donner à réflechir, entre autres sur notre propre condition et la dimension qu’on peut lui accorder, parfois à tort il faut bien l’avouer, nous renvoie à des problématiques actuelles.

Et finalement, nous sommes face à un féminisme engagé, d’une part par le sujet abordé, de l’autre par le choix d’une bande originale comportant le fleuron des artistes de la soul et et du hip-hop actuelles les plus acharnées dans la lutte féminine.

Oui, mais…


Malgré ce sentiment positif que suscite cette mini-série, car impossible d’affirmer que son visionnement ne nous met pas de bonne humeur, certaines maladresses de la mise-en-scène un peu trop soap opera laisse un arrière goût de « trop facile ». Un peu, encore et toujours, dans la veine d’une plateforme très au goût du jour qui pousse à une consommation acharnée, en lien avec une époque actuelle où tout est trop vite désiré, consommé, jeté et oublié.

Intéressante à visionner donc, et ce à bien des égards mais, dans le fond, peut-être un peu bâclée.