Soul – sous le jazz, l’âme.

Pete Docter signe le dernier Pixar qui, faute d’envahir nos salles obscures façon raz-de-marée de fin d’année, pour cause de pandémie internationale, devient LE produit d’appel pour ceux qui ne seraient pas encore totalement convaincus par un abonnement sur la plateforme de streaming de Disney.

Joe, professeur d’orchestre jazz dans une école du Queens a toujours rêvé de devenir Jazzman pro. Le jour où il a enfin réalisé son rêve, un pas malencontreux l’expédie dans une dimension fantastique où il doit réfléchir à la signification d’avoir une âme. C’est là qu’il se lie d’amitié avec 22, une âme blasée qui ne souhaite pas vivre sur Terre. A eux deux ils vont former un duo explosif et peu commun et (ré)apprendre à vivre.

Viens voir Pete Docter, non n’ai pas peur

Le nom ne vous est peut être pas familier mais il faut savoir que l’on doit à cette figure de proue Pixaresque Montres et Cie, Là-Haut et Vice Versa. Pas ultra étonnant, penserez-vous, puisque le studio d’animation marche plutôt comme ça, avec ses réals stars en fonction des époques. Ce que nous retiendrons, par contre, c’est que les trois films suscités sont, sous couvert de films sympatoches pour bambins hystériques, de véritables pépites de réflexion, prétextes à des questionnements contemplatifs sur ces phénomènes, humains certes, mais inexplicables. Avec Monstres et Cie nous avons donc l’exploration du subconscient à travers les émotions et, surtout, la peur, développé ensuite par le film Vice Versa qui explorera donc nos émotions pour nous questionner sur le concept de l’acceptation. Là-Haut, lui, est un faux film d’aventures qui nous plonge de plein fouet dans un récit de deuil.

A l’instar de ses prédécesseurs, Soul est donc un ode mystique aux questions métaphysiques très en vogue, sur fond de développement personnel et de recherche de but existentiel. Quelle est ma flamme ? Pour quelle raison suis-je sur cette Terre ?

Ponctué çà et là de petites phrases incisives sur le besoin, parfois excessif, de l’être humain de toujours vouloir se dépasser, se surpasser, atteindre un bonheur presque sacré, intangible et inaccessible qui, finalement, nous empêche de vivre pleinement et d’apprécier ces petits bonheurs du quotidien.

Claque visuelle et scénaristique

Et les nombreux rebondissements dramatiques et allers-retours entre le ciel et la Terre crée ces variations de tempo typiques au jazz, parfois effréné, parfois méditatif, passant avec brio du drôle sans concession à une gravité des plus déchirante. Humaniste, poétique, merveilleusement musical, énergique et audacieux, son hommage à New York et à la communauté afro-américaine fait un bien fou au moral après une année chargée en émotion et en #BlackLivesMatter. Soul est décidément l’un des meilleurs Pixar.

Seul bémol, vraiment, c’est de savoir qu’il ne connaîtra jamais le bonheur du cinéma et que le voilà confiné au salon et à l’écran domestique…