The Society : quand ados rime avec chaos

Ça fait un certain temps que la série young adults a le vent en poupe et Netflix surfe sur la vague sans complexe.

Stranger Things, 13 Reasons Why, Sex Education, Riverdale, la liste est longue… Si ce n’est pas un style nouveau (que celui qui n’a pas regardé l’intégrale de Buffy contre les vampires me jette la première pierre), il explose depuis quelques années et s’autorise des tournants parfois plus dark ou plus extrêmes. Parce qu’après tout, nous ne sommes plus en 1998.

Mais le sujet n’est pas là et mérite une toute autre analyse. Aujourd’hui, penchons nous de plus près sur The Society, petite dernière de Netflix, sortie en mai sur la plateforme de streaming.

Nous sommes à West Ham, petite bourgade huppée du Connecticut, à première vue idyllique. Un groupe d’ado sans histoires est en route pour une sortie scolaire de quelques jours, mais la route est barrée. Retour au bercail donc, et là, c’est le drame… Tout le monde semble avoir disparu de la ville. Passés les premières inquiétudes, les jeunes vont devoir travailler ensemble pour reconstruire leur société et survivre sans repères.

Non sans rappeler Sa Majesté Des Mouches, roman assez dingue de William Golding, qui avait inspiré bon nombre d’œuvres, comme par exemple Lost : les Disparus, la trame de départ promet, si ce n’est l’abord de thèmes puissants, au moins un bon moment de divertissement télévisuel.

Une série politique

La plupart des Teen Drama surfent sur le thème de la découverte de soi, récurrent dans les romans et scénarios d’apprentissage, pour explorer des thèmes annexes, plus modernes, parfois crus, transposables au monde adulte, avec cette liberté et cette fraîcheur, propre au regard jeune et neuf de l’ado modèle.

La difficulté de cet exercice réside, la plupart du temps, dans l’aboutissement de la réflexion car, à trop vouloir en dire, on finit par se perdre et par bâcler ses thématiques.

Ici, passé le premier épisode qui, en voulant asseoir le contexte et une certaine psychologie des personnages, demeure un peu plan plan, la série se révèle petit a petit riche et complexe. Chaque personnage voit sa personnalité densifiée, les situations les poussent à se révéler de plus en plus et à devenir rapidement adultes, et les thématiques se creusent pour passer d’une petite série de science fiction sympathique à un essai de sciences sociale appliquée.

On n’échappe évidemment pas à quelques clichés sur ces ados biens sous tout rapport qui, finalement, vivent tant bien que mal avec leur faiblesses et leur trauma. Mais, si on arrive à les tolérer (les clichés, pas les ados) on se rapproche finalement plus d’une analyse presque philosophique des différents régimes politiques de notre histoire.

Anarchy in the Society

Anarchie, ordre puis contestation. C’est ainsi que se découpe The Society. Approche logique et en entonnoir, donc. Tout y est, justice, trahisons, castes et classes sociales, religion, peines de mort… Tout conduit ces enfants bien intentionnés aux dérives du pouvoir, où autorité et morale mène à la paranoïa.

Univers onirique

Outre le thème politique central et omniprésent, les adeptes de mystère et d’ambiance énigmatique ne seront pas en reste. Références bibliques, atmosphère surnaturelle, la série fait lentement monter la pression pour attiser la curiosité du spectateur et ne pas lui laisser le choix quant au visionnage d’une saison 2, confirmée d’ailleurs.

Petite fraîcheur tombée sans prévenir, The Society se regarde d’une traite, un peu comme un bon polar estival qu’on a du mal à refermer. Une fois plongé dans l’univers bancal, fantastique et chaotique de ces ados, on en redemande avec ce demi-sourire généralement arboré devant ces plaisirs coupables.