Them, ou l’horreur raciale aux Etats-Unis

Créée par Little Marvin, la série s’inscrit dans la veine de ces nouveaux films d’horreur afro-américains qui fleurissent depuis quelques années, dans le style de Peele, et qui mêlent l’horreur surnaturelle et racisme systémique et politique. Avec ses long métrages Get Out et Us, Jordan Peele a relancé la tendance d’une horreur psychologique fondée sur les angoisses d’une Amérique morcelée et qui n’a jamais été autant d’actualité que sous l’ère de Trump.

Personnellement, j’ai adoré et dévoré la série, j’ai englouti les 10 épisodes en deux jours me couchant à des heures indues en pleine semaine et arrivant le matin au taff avec une tête de six pieds de long et des cernes à en faire pâlir les zombies de Walking Dead. Au moins j’étais raccord. Evidemment la série fait penser à l’oeuvre de Jordan Peele, déjà par son titre dessiné sous la forme de pronom personnel qui fera forcément penser à Us. Ensuite parce que c’est quand-même le pionnier du style qui a su remettre au goût du jour l’horreur politique, sociale et raciale.

Them raconte l’histoire d’une famille noire américaine qui, comme beaucoup dans les années 50, décide de fuir le sud et les lois Jim Crow, pour s’installer à L.A. Ils arrivent dans un quartier résidentiel, dans un voisinage de blancs, profondément racistes. Sa vie quotidienne, inspirée par l’atroce réalité de l’époque est déjà une horreur en soi. Le propos politique est maîtrisé car teinté d’une dure réalité, l’horreur de la série est alors exacerbée par ce racisme tout aussi latent que violent. Ils sont alors en proie à des phénomènes surnaturels qui vont finir par les confronter à leur propres démons. Une dose d’horreur, toujours bienvenue chez moi.

American Nightmare

La série s’ouvre sur les sombres raisons de la fuite du sud de la famille de protagonistes. Ils arrivent, pleins d’espoirs, en Californie, pour repartir à zéro et laisser derrière eux les atrocités sudistes, dans une banlieue résidentielle de Los Angeles. Les voilà donc confrontés à l’horreur cinglante de la dure réalité, dans les Etats-Unis des années 50, et à l’horreur surnaturelle qui va exacerber leur sentiment d’injustice. En voulant fuir cette réalité passée qui finalement fait partie intégrante de leur vie, elle les rattrape et ils se retrouvent face à leur peur, leur indécision, leur culpabilité, face à leurs démons et fantômes, pourtant bien réels. Martyrisés par des entités surnaturelles qui font surgir leurs plus grandes peurs et leurs plus profondes angoisses, ils sont finalement torturés par leurs questionnements psychologiques et dramatiques, certains enfouis. N’aspirant qu’au bonheur ils sont plongés de plein fouet dans ces atrocités systématiques vécues par leur peuple bafoué.

L’avantage d’une série c’est qu’on peut apporter plus de profondeur que dans un film, encore faut-il qu’elle reste cohérente et bien amenée. L’avantage de CETTE série c’est que cohérente elle l’est. Si on ajoute à ça qu’il s’agit d’une série d’anthologie qui se consacre à une famille et une histoire par saison, la cohérence reste de mise puisqu’elle ne s’effondrera pas au cours des saisons par des oublis narratifs et des cafouillages scénaristiques.

Plusieurs thèmes sont abordés au travers de la famille et du thème principal du racisme. La violence qui finalement est centrale, cette envie, voire ce besoin viscéral d’acceptation des autres au point de s’oublier soi-même, la beauté confrontée aux standards, la confiance et le fait qu’elle puisse être si facilement brisée.

Them est une série magnifique tant dans le fond, sa pertinence et son propos étant merveilleusement maîtrisés, que dans sa forme et son esthétisme remarquables. La tension est palpable à mesure que les épisodes s’enchaînent et elle ne fait que croître pour nous laisser seul face à la dure réalité que si les choses ne sont pas aussi atroces qu’en 1953 il reste quand-même encore de sacrés efforts à faire.